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KOBAKO A DECOR D’IKEBANA

Référence : 2025-139!

Imposant kobako en laque nashiji sur fond noir a motif d’imitation des nervures du bois. Son couvercle est orné d’un panier ikebana (hanakago) contenant un bouquet d’une grande harmonie malgré sa complexité. Le niveau de détail appliqué à cette pièce par le laqueur permet d’identifier plusieurs plantes de cette composition florale. Le chrysantèmes tout d’abord appelé kiku au japon, n’est pas seulement l’emblème héraldique de la famille impériale japonaise mais aussi une fleur a l’histoire complexe s’imbriquant avec l’histoire de l’archipel. Il est décrit pour la première fois par Jacob Breynius en 1689, toutefois la plante doit son nom a Carolus Linnaeus qui lui donna son nom : « Chrys » signifie en grec « doré » et désigne la couleur d’origine de la fleur. « Anthemon » signifie fleur, le chrysanthème étant donc la fleur dorée.
Pour comprendre d’où vient la symbolique du chrysanthème, il faut remonter aux années 1500 à 1400 avant J.C. Les chrysanthèmes étaient alors déjà cultivés en Chine tant qu’herbe aromatique fleurie. Il était alors considéré comme une plante noble dotée de pouvoirs particuliers. Si particuliers que seuls les nobles étaient autorisés à cultiver cette plante dans leurs jardins. Le Chrysanthème se retrouve d’ailleurs sur les plus belles porcelaines chinoises, peints dans un style raffiné. De façon générale, le chrysanthème est en Chine symbole de noblesse. Ce n’est qu’au VIIIe siècle, que le chrysanthème est introduit au Japon et élevé par l’empereur au rang de symbole national. Il servira également de source d’inspiration pour le sceau impérial.

C’est donc sous l’ère Heian que la famille impériale s’y intéresse, créant même une fête en son honneur. C’est le 9 septembre, sois le 9e jour du 9e mois qu’est organisé au sanctuaire Kamigamo à Kyoto le festival annuel “chōyō no sekku”, ou festival des chrysanthèmes. Après la cérémonie, une danse liturgique de prêtres, armés d’un arc et de flèches et déguisés en corbeaux blancs, a lieu. Suite à cela, les enfants des environs sont invités à faire des combats de sumo dans l’enceinte du temple.

Alors que la fleur est populaire dans tout l’archipel depuis longtemps déjà ce n’est qu’au XIIIe siècle, que l’empereur Go-Toba décide d’utiliser la forme à seize pétales comme emblème de la famille impériale. L’héraldique du chrysanthème représente tout à la fois la personne de l’empereur, la famille impériale et le peuple japonais, on dit même que pour honorer les empereurs, leur trône était jadis entièrement recouvert de chrysanthèmes. La cour japonaise est donc également connue sous le nom de « trône du chrysanthème ». Alors qu’elle était initialement l’apanage de l’aristocratie japonaise, la culture du chrysanthème se développe considérablement sous l’ère Edo (1600- 1868) à partir de la ville impériale de Kyoto. De nombreuses personnes se spécialise dans la culture et la création de nouvelles variétés de chrysanthèmes et expose leurs productions lors de « présentations », dans des auberges traditionnelles et dans des temples de Kyoto. Toute information, forme, couleur des fleurs, nom de la variété́, ou même le prix étaient consciencieusement notés dans un registre. Bien que surtout présente sur la ville impériale de Kyoto entre 1688 et 1703, la culture du chrysanthème se répandit ensuite à travers tout le pays.

De plus le chrysanthème est également un des quatre « Junzi », dont la traduction libre est « membre de la noblesse ». Le prunus, l’orchidée, le bambou et le chrysanthème sont ensemble « les quatre nobles ». Chacun de ces nobles symbolise une saison : l’hiver pour le prunus, le printemps pour l’orchidée, l’été pour le bambou et l’automne pour le chrysanthème. Ces « Junzis » sont toujours utilisés dans l’art pictural de toute l’Asie.

C’est cette symbolique riche qui est la raison pour laquelle on retrouve la fleur de chrysanthèmes à divers endroits, comme sur le passeport japonais et les pièces de 50 Yen par exemple. L’Ordre suprême du Chrysanthème existe encore aujourd’hui. Il s’agit de la plus haute distinction que puisse obtenir un citoyen japonais et qui lui est attribuée par l’empereur. Le chrysanthème est ainsi la seule fleur du monde à laquelle soit associée une aussi haute distinction.

Dans le langage des fleurs japonais le tournesol ou himawari représente l’éclat et le respect. Il symbolise la beauté rayonnante et l’admiration pour la lumière et la vie. Le tournesol est également connu pour sa fidélité au soleil. Il suit le mouvement du soleil tout au long de la journée, tournant sa tête pour capter ses rayons. Cette caractéristique a donné au tournesol une signification particulière au Japon, où il symbolise la constance et la loyauté. Il est intéressant de noter que cette association est encore plus forte au Japon, car la culture japonaise accorde une grande importance à la fidélité et à la loyauté. Dans un pays profondément attaché à la tradition et au respect des hiérarchies, la fidélité est une valeur essentielle. Le tournesol, en suivant fidèlement le soleil, devient un symbole puissant de cette valeur importante. A l’intérieur ce kobako contient un plateau laqué dans le même motif nervuré que celui décorant l’extérieur de la boite. L’intérieur du couvercle présente un décor de pavillon sous un pin centenaire au bord d’un lac et au milieu d’un paysage karstique sur fond de nashiji or.

Japon – ère Meiji (1868-1912)
Hauteur : 11 cm – Longueur : 27.5 cm -largeur : 10.5 cm
Plateau : Hauteur : 2 cm – longueur : 9.5 cm – largeur : 6 cm