Print Friendly, PDF & Email

KOBAKO COQS

Référence : 2025-1376

Petite boîte kobako hexagonale représentant deux coqs dans un paysage riche, perchés sur un pin. Les côtés de la composition sont occupés par des pivoines et des chrysanthèmes. Dans le Kojiki, ou Chronique des Faits Anciens, un recueil de mythes contant les origines du Japon, le coq réussit à attirer la déité solaire Amaterasu hors de sa grotte en utilisant son chant et un miroir magique.
La végétation est également très riche en symboles. La pivoine représente la richesse, l’honneur et l’élégance. Au Japon, elle est connue sous le nom de botan et est très vénérée pour sa beauté et sa grâce.
Au Japon, le pin (matsu) est encore le symbole d’une force inébranlable forgée tout au long d’une vie de difficiles combats quotidiens ; symbole aussi des hommes qui ont su conserver intactes leurs pensées, malgré les critiques qui les entouraient, parce que le pin lui-même sort vainqueur des assauts du vent et de la tempête.
Durant la semaine des fêtes du Nouvel An, les Japonais placent de chaque côté de l’entrée de leur maison deux pins, sensiblement de la même grandeur. C’est une tradition shintoïste qui veut que les divinités (Kami) vivent dans les branches des arbres. Le pin étant un arbre à feuillage permanent a été préféré à tous les autres. Ils sont ainsi placés à l’entrée de la maison pour y attirer les kami et leurs bienfaits.
Les chrysanthèmes sont des trois la plante la plus riche de symboliques, le chrysanthème (kiku) n’est pas seulement l’emblème héraldique de la famille impériale japonaise mais aussi une fleur à l’histoire complexe s’imbriquant avec l’histoire de l’archipel.
Loin d’être le symbole funeste qu’il est en occident, le chrysanthème au Japon est avant tout un signe de pouvoir mais aussi un signe de longue vie et de bonheur. Celle qu’on appelle donc aussi la « fleur d’or » est originaire de Chine et fait son apparition au Japon sous l’ère Nara où elle est longtemps considérée comme une plante médicinale pour soulager la fièvre.  
Pour comprendre d’où vient la symbolique du chrysanthème, il faut remonter aux années 1500 à 1400 avant J.C. Les chrysanthèmes étaient alors déjà cultivés en Chine en tant qu’herbe aromatique fleurie. Il était alors considéré comme une plante noble dotée de pouvoirs particuliers. Si particuliers que seuls les nobles étaient autorisés à cultiver cette plante dans leurs jardins. Le Chrysanthème se retrouve d’ailleurs sur les plus belles porcelaines chinoises, peints dans un style raffiné. De façon générale, le chrysanthème est en Chine symbole de noblesse. Ce n’est qu’au VIIIe siècle, que le chrysanthème est introduit au Japon et élevé par l’empereur au rang de symbole national. Il servira également de source d’inspiration pour le sceau impérial.
C’est donc sous l’ère Heian que la famille impériale s’y intéresse, créant même une fête en son honneur. C’est le 9 septembre, sois le 9e jour du 9e mois qu’est organisé au sanctuaire Kamigamo à Kyoto le festival annuel “chōyō no sekku”, ou festival des chrysanthèmes. Après la cérémonie, une danse liturgique de prêtres, armés d’un arc et de flèches et déguisés en corbeaux blancs, a lieu. Suite à cela, les enfants des environs sont invités à faire des combats de sumo dans l’enceinte du temple.
Alors que la fleur est populaire dans tout l’archipel depuis longtemps déjà ce n’est qu’au XIIIe siècle, que l’empereur Go-Toba décide d’utiliser la forme à seize pétales comme emblème de la famille impériale. L’héraldique du chrysanthème représente tout à la fois la personne de l’empereur, la famille impériale et le peuple japonais, on dit même que pour honorer les empereurs, leur trône était jadis entièrement recouvert de chrysanthèmes. La cour japonaise est donc également connue sous le nom de « trône du chrysanthème ». Alors qu’elle était initialement l’apanage de l’aristocratie japonaise, la culture du chrysanthème se développe considérablement sous l’ère Edo (1600- 1868) à partir de la ville impériale de Kyoto. De nombreuses personnes se spécialise dans la culture et la création de nouvelles variétés de chrysanthèmes et exposent leurs productions lors de « présentations », dans des auberges traditionnelles et dans des temples de Kyoto. Toutes les informations, forme, couleur des fleurs, nom de la variété, ou même le prix étaient consciencieusement notés dans un registre. Bien que surtout présente sur la ville impériale de Kyoto entre 1688 et 1703, la culture du chrysanthème se répandit ensuite à travers tout le pays. De plus le chrysanthème est également un des quatre « Junzi », dont la traduction libre est « membre de la noblesse ». Le prunus, l’orchidée, le bambou et le chrysanthème sont ensemble « les quatre nobles ». Chacun de ces nobles symbolise une saison : l’hiver pour le prunus, le printemps pour l’orchidée, l’été pour le bambou et l’automne pour le chrysanthème. Ces « Junzis » sont toujours utilisés dans l’art pictural de toute l’Asie.
C’est cette symbolique riche qui est la raison pour laquelle on retrouve la fleur de chrysanthèmes à divers endroits, comme sur le passeport japonais et les pièces de 50 Yen par exemple. L’Ordre suprême du Chrysanthème existe encore aujourd’hui. Il s’agit de la plus haute distinction que puisse obtenir un citoyen japonais et qui lui est attribuée par l’empereur. Le chrysanthème est ainsi la seule fleur du monde à laquelle soit associée une aussi haute distinction.
La kobako combine plusieurs techniques de laque, le corps est en fundame de laque dorée et le couvercle porte une composition de laque polychrome en takamaki-e (ou « maki-e surélevé »), technique développée au cours de la période Muromachi (1336-1573), un hirameji de paillettes d’or en losange habillant les surfaces, ainsi que des variations d’intensité du maki-e pour créer des volumes et textures. L’intérieur est en maki-e doré sur fond cuivré.

Japon – Ere Edo (1603-1868)

Dimensions :
Longueur : 10,5cm – Hauteur 4cm