SUZURIBAKO ERE EDO
Référence : 2025-1397
Importante boite à écrire ou suzuribako, en laque maki-e en nuance d’or et d’étain, sur un fond de laque Nashiji. Le registre du couvercle représente un pin et un prunus au pieds desquels poussent de jeunes chaumes de bambous. Les deux arbres sont entrelacés depuis le tronc, leurs branches et leurs fleurs occupent la totalité de la composition à l’exception de deux médaillons en forme d’éventails.
Le choix de représenter imbriquées de cette façon, deux espèces à la forte symbolique ne relèvent pas du hasard, le Pin et le Prunus sont deux espèces riches de sens.
Au Japon, le pin (matsu) est symbole de force et de longévité car ce contentant de sols pauvres et étant réputé très résistant aux vents et à la tempête. Durant la semaine des fêtes du Nouvel An, les Japonais placent de chaque côté de l’entrée de leur maison deux pins, sensiblement de la même hauteur. C’est une tradition shintoïste qui veut que les divinités (Kami) vivent dans les branches des arbres. Le pin étant un arbre à feuillage permanent, il a de longue date été préféré à tous les autres. Ils sont ainsi placés à l’entrée de la maison pour y attirer les kamis et leurs bienfaits, ceux-ci sont souvent entourés d’un shimenawa.
La fleur de prunier (Ume), quant à elle, est l’une des premières à fleurir chaque année, généralement à la fin de l’hiver ou au début du printemps, symbolisant la résilience et le renouveau. Elles sont un signe que le printemps est en route, apportant espoir et joie après les mois froids d’hiver. Les fleurs de prunier ressemblent beaucoup aux fleurs de cerisier, mais se distinguent par leurs pétales, plus arrondis et dépourvus d’encoches. Réputées pour leurs parfums doux et délicat qui attire les humains et les pollinisateurs, elles varient en couleur du blanc au rose foncé et sont souvent utilisés dans les arrangements floraux et comme motifs artistiques dans les peintures, les céramiques et les textiles. La fleur de prunier est un motif traditionnel très récurrent dans l’art japonais. Elle se trouve sur de nombreux objets ou leur donne sa forme. Le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon possède ainsi un superbe plateau à cinq pieds en forme de fleur de prunier, ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette.
Sur le couvercle se détache également deux plus petits registres traités sous la forme de médaillons en forme d’éventails l’un représentant un ponton parmi les Iris et l’autre une barque entourée d’un saule et de miscanthus.
En raison de sa capacité à fleurir même sous des conditions météorologiques difficiles, l’iris japonais (shoubou) est souvent considérée comme un symbole de résilience et de détermination, il est aussi utilisé comme métaphore pour désigner une belle femme, notamment au théâtre. Cette fleur est souvent associée à la saison des pluies, qui coïncide généralement avec le début de l’été. Dans la culture japonaise, l’iris est souvent lié à des notions abstraites comme le courage, la force et la persévérance. Cette fleur est également utilisée dans les arts traditionnels japonais tels que l’ikebana (l’art floral japonais) et la peinture sumi-e (peinture à l’encre japonaise), où elle est représentée avec grâce et élégance. Le mois de juin est réputé entre le meilleur moment pour observer leurs floraisons. Il existe un très grand nombre de variétés allant du blanc au rose, du violet au bleu, en passant par le jaune. Les Iris poussent sur les berges des plans d’eau ou dans des sols marécageux, pour cette raison leurs observation dans les parcs et les jardins se fait souvent en barque mais aussi et surtout sur de petits pontons aménagés au-dessus de la surface permettant de voir au plus près les fleurs.
Quant au second médaillon il représente une petite embarcation contenant ce qui semble être une barque de pêche, sous un saule au tronc réhaussé de laque kirigane. Le Yukiyanagi (saule japonais) souvent utilisé dans les arrangements floraux et les cérémonies du thé, est un symbole populaire d’élégance et de simplicité. L’arbre est souvent mentionné dans la littérature et la poésie japonaises, où il est apprécié pour sa beauté et sa capacité à symboliser la fugacité de la vie. De plus, il est aussi souvent utilisé dans l’aménagement paysager, ajoutant une touche de sérénité et d’harmonie aux jardins et parcs publics. Les gens visitent les jardins botaniques et les parcs publics à travers le Japon pour admirer la beauté du saule et assister à des festivals et des expositions liés aux arbres. En outre, Yukiyanagi est souvent utilisé dans les décorations de mariage et autres cérémonies, où il symbolise l’harmonie et la paix. Dans la culture japonaise, ils sont souvent représentés dans les peintures et la poésie japonaises traditionnelles comme symboles de grâce et de tranquillité. On pense que les branches délicates et minces du saule incarnent l’esthétique du wabi-sabi, une philosophie japonaise centrée sur la recherche de la beauté dans l’imperfection et la fugacité. Les fleurs de saule sont également associées à la guérison et au renouveau dans la culture japonaise. Le saule est connu pour sa capacité à pousser dans des conditions difficiles et ses racines profondes capables d’absorber l’eau et les nutriments de la terre. Cette résilience et cette vitalité sont considérées comme des qualités pouvant entraîner une guérison physique et émotionnelle. Dans le folklore japonais, on croit que s’asseoir sous un saule peut apporter la bonne fortune et rajeunir le corps et l’esprit.
Sur l’intérieur du couvercle se développe un décor plus sobre de feuillage de Physalis et de leurs cosses prêtes à éclore. Le traitement plus simplifié, dénote de l’arrivée du printemps et de la prématurité de ces jeunes fruits, malgré tout ils sont traités avec minutie par la technique du maki-e, la plupart sont réhaussées de petites inclusions d’or suivant la technique du kirigane.
Boite à écrire contenant sa pierre à encre et son suiteki (godet à eau) de forme rectangulaire et réalisé en feuille d’argent.
Japon – ère Edo (1603-1868)
Hauteur : 4.5 cm – Diamètre : 27 cm





















