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COFFRE NAMBAN A FLEURS – MOMOYAMA, XVIème

Référence : 2018-511

Coffre Namban en laque et incrustation de nacre à décor de fleurs, ferrures en cuivre ciselé.  

Le terme Namban vient de namban-jin « barbares du sud », employé par les Japonais pour désigner les Européens, en particulier les Portugais. L’art Namban se développe entre 1500 et 1600. Les Portugais arrivent au Japon en 1543 et développent des relations commerciales très élaborées. 

Dans un premier temps, les Japonais apprécient peu les Portugais. Ils les trouvent grossiers et sales : ils sentent mauvais et mangent avec leurs doigts ; ils n’ont aucune maîtrise de leurs sentiments ni d’eux-mêmes ; et ils sont totalement imperméables à la culture japonaise dans le sens où ils ne comprennent pas les caractères écrits. Mais l’arrivée des Portugais reste une révolution pour le Japon. Il faut la considérer comme la rencontre de cultures de deux peuples cultivés et privilégiés, en avance sur leur époque. Les pratiques sont certes différentes mais tout aussi élaborées.  

La méfiance des Japonais envers les Portugais ne dure pas. Très vite ils adoptent de nombreuses pratiques culturelles et technologiques. Nous pouvons citer en particulier l’arquebuse, les cuirasses, les navires européens. Mais les apports interviennent également dans le domaine culturel en particulier dans les arts décoratifs, dans la cuisine, ou dans le langage. Les Portugais sont les premiers à traduire le japonais dans une langue occidentale et à élaborer un dictionnaire. Le Nippo Jisho ou Vocabulario de Lingoa de Japam compilé par le jésuite Joao Rodrigues est publié à Nagasaki en 1603. C’est ainsi que certains mots japonais viennent du portugais. En particulier des objets ou des pratiques n’existant pas au Japon. Par exemple : boro – bolo (gâteau en forme de petite perle), botan – botao (bouton), furasuko – frasco (flasque), kapitan – capitao (capitaine de navire), etc.  

Le missionnaire jésuite François Xavier, est l’un des premiers évangélistes au Japon. Les catholiques affirment avoir réalisé environ 200 000 conversions jusqu’à la fin du XVIème siècle. La christianisation est une des causes de l’exclusion des Européens du Japon vers 1650. 

Les Portugais sont eux aussi très intéressés par les pratiques et ressources du Japon. Ils perçoivent ce pays comme très cultivé, avec un système féodal sophistiqué et une technologie élaborée.  

A cette époque le Japon est plus peuplé et urbanisé que n’importe quel pays européen (au XVIème siècle, il y a 26 millions d’habitants au Japon, contre 16 millions d’habitants en France et seulement 4,5 millions d’habitants en Angleterre). Le pays est très riche en termes de métaux précieux. Il est un exportateur important de cuivre et d’argent. Mais les Portugais sont surtout très admiratifs de la qualité de l’artisanat et de la métallurgie. Les armes japonaises sont les meilleurs du monde. L’industrie du papier est sans égale. Les Japonais se mouchent dans des mouchoirs en papier washi alors que l’usage dans le monde occidental est encore… la manche ! 

Que rapportent les Portugais du Japon : de la soie, des objets en laque, des objets avec incrustation de nacre, du thé vert, du minerai d’argent. Qu’apportent les Portugais au Japon : de la soie de Chine, des porcelaines, du coton, des épices d’Inde.  

Japon, période Momoyama (1573-1603), XVIème siècle 

Hauteur : 15,5 cm – Longueur : 22,5 cm – Largeur : 13,5 cm