L’appellation « Coromandel » provient de la côte orientale indienne du même nom. Au XVIIIème siècle, le commerce entre l’Asie et l’Europe connaît un essor, et de riches marchands européens passent commande de divers objets chinois, laques, porcelaines, et soieries. Ces derniers partaient de Chine et étaient transportés sur des jonques jusqu’en Inde, dans des comptoirs comme Pondichéry ou Kulikat. Les compagnies de transport, établies sur la côte de Coromandel, transportaient ensuite par bateaux des coffres et des paravents de grande taille jusqu’en Europe. Pour les clients européens, ces laques venaient de Coromandel, sans précision sur leur véritable origine.
La singularité des laques de Coromandel tient au renouveau décoratif qu’elles inaugurent. Le décor est gravé en « champlevé », et résulte d’un travail minutieux. Le support de bois est recouvert de lin ou de chanvre. La laque, souvent noire, parfois brune, est appliquée en couches successives sur le support. Des incisions sont ensuite pratiquées, et les surfaces dégagées sont peintes de pigments colorés mats, aux couleurs très vives, mais qui avec le temps ont pris des tonalités plus douces. Cette technique chinoise, appelée kuan cai, est pratiquée dès le XVIème siècle. Les paravents en laque de Coromandel présentent souvent un palais et des personnages sur une face, des oiseaux et des fleurs sur l’autre.