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PARAVENT LE CHANT DES REGRETS ÉTERNELS, ÉCOLE KANÔ – EDO, XVIIe

Référence : 2015-245

Paravent japonais composé de six panneaux illustrant la sortie hors de la ville d’un empereur chinois à cheval et de sa concubine dans un fastueux palanquin.

Il pourrait s’agir d’une scène illustrant le poème Le chant des regrets éternels (Chang hen ge, 長恨歌) de Bai Juyi (772-846) qui relate l’histoire d’amour tragique entre l’empereur Ming Huang (aussi appelé Tang Xuanzong, 685-762) et sa concubine favorite, la magnifique Yang Guifei (719-756). Son amour excessif entraina des intrigues à la cour et des troubles dans l’empire. Une rébellion en 755 obligea l’empereur à fuir la capitale. Le soulèvement avec à sa tête le général An Lushan (705-757) accusa Yang Guifei des négligences de l’empereur et fut mis à mort l’année suivante. L’empereur abdiqua peu de temps après, déclenchant le déclin de la dynastie Tang.

Ce récit devint un sujet populaire auprès des peintres de l’école Kanô de la période Momoyama (1573-1615) au début de la période Edo (1615-1868). Cet attrait durable dans les arts visuels et littéraires japonais reflète à la fois une forte identification émotionnelle aux thèmes de l’amour, de la mort et de la nostalgie, et l’idée persistante de la Chine de la dynastie Tang comme un âge d’or culturel. De plus, le poème fut également une des sources d’inspirations pour le célèbre roman du Dit du Genji (vers 1010) de Murasaki Shikibu (v. 973 – 1014/1025).

Signé Kanô Dôgen (狩野洞元, 1643-1703), école Kanô.

Japon, Kanô Dôgen (1643-1703) – époque Edo (1603 – 1868) – deuxième moitié du XVIIe siècle

Hauteur 186 cm – 6 feuilles, soit 480 cm

Kanô Dôgen est le deuxième fils de Kanô Sôsen (狩野素川). Il a fondé un atelier indépendant en tant que omote eshi (peintre externe) officiel du shogunat à Asakusa Saryumachi, un quartier de l’actuel Tokyo. Il se fait également appeler Ikinobu, Kuninobu ou Kumenosuke.

Il fait partie de l’école Kanô, l’une des écoles de peinture japonaise les plus célèbres. Celle-ci a été créée à la fin de l’époque Muromachi, c’est-à-dire vers le milieu du XVe siècle par Kanô Masanobu (狩野正信, 1434 ? – 1530 ?). Les artistes de cet atelier familial combinent les techniques de peinture à l’encre d’époque Muromachi et d’origine chinoise avec des éléments décoratifs et traditionnels du Japon. A l’époque Edo (1603-1868), ils sont les peintres officiels du shogunat Tokugawa. Les sujets de la littérature et plus largement la culture chinoise sont très appréciés de l’école Kanô.

Le British Museum conserve un rouleau suspendu de l’artiste : Kanô Dôgen, Hanging scroll. Bird and plum blossom., fin XVIIe siècle, 38.5 x 12.4 in., inv. 1881,1210,0.768.