SUZURIBAKO PONTON, HONAMI KÔETSU – XVIIe

Référence : 2023-1111

Suzuribako (nécessaire à écrire) rectangulaire décoré en takamaki-e noir et or avec une large bande d’étain, représentant un ponton au-dessus de bateaux au milieu des vagues. Poème waka en chirashi-gaki (écriture dispersée).

Intérieur du couvercle à décor de roseaux et de lucioles près d’un point d’eau en takamaki-e sur fond noir. L’intérieur de l’écritoire est en laque noire, muni d’une pierre à encre et godet à eau en cuivre sur le côté gauche.

Honami Kôetsu (1558-1637)

Japon – Période Edo (1603-1868),  XVIIème siècle

Hauteur : 4,7 cm – largeur : 21,5 cm – profondeur : 23 cm

Le poème waka a été écrit par Minamoto no Hitoshi (880-951). Il a été publié dans l’anthologie Gosen Wakashû, compilée en 951 à la demande de l’empereur Murakami à l’époque Heian (794-1185). Le mot « ponton » est omis, l’image complétant le mot manquant. Il pourrait se traduire ainsi : « Les longs ponts entre les bateaux à Sano sur la route vers l’Est / me rappellent l’amour qui comble le fossé qui nous sépare / mais tu n’as pas du tout remarqué mon amour ».

(Azumajino / Sano no (funabashi) / kaketenomi / omoiwataru o / shiruhitono naki

東路の / 佐野の(船橋) / かけてのみ­ / 思ひ渡るを / 知る人のなき)

Accompagné de sa boîte d’origine. Inscription sur le couvercle : « Suzuribako ponton » (船橋硯箱).

Ainsi que d’un document plié dans une enveloppe attestant de la première provenance : l’écritoire, réalisé par Kôetsu, a appartenu à la famille Shimazu.

Inscriptions :

  • Page de couverture : « Kôetsu / Ponton / Suzuribako maki-e » (光悦 / 舟橋 / 蒔陰硯箱)
  • Sur l’enveloppe : « Fait par Kôetsu / Shimazu Ponton maki-e / suzuribako » (光悦作 / 島津 舟橋蒔陰 / 硯箱).
  • Sur le document : Shimazu Ponton / fait par Kôetsu / écritoire maki-e / transmis à la famille Shimazu / etc. (島津舟橋 / 光院作 / 蒔陰硯箱 / 島津家伝来 /…). Le reste du document détail l’acte de transmission.

Honami Kôetsu est une figure majeure au Japon. Artiste pluridisciplinaire, il est connu comme poète, calligraphe, laqueur, céramiste et potier.

Il naît dans une famille de polisseurs de sabres qui ont servi la cour impériale ainsi que les chefs militaires Tokugawa Ieyasu et Oda Nobunaga. Souhaitant raviver le raffinement et l’élégance de la Cour impériale de Heian (794-1185), considérée comme une sorte d’âge d’or[1], il est inspiré par culture de cette époque. Il devient un des plus grands calligraphes de son temps et est connu comme l’un des « trois pinceaux de l’ère Kan’ei », au côté de Konoe Nobutada et Shôkadô Shôjô.

Dans le domaine de la laque, il commence vers la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle à employer de nouvelles techniques en utilisant de l’étain, du plomb, d’autres métaux ainsi que de l’or et de la nacre, de façon épaisse pour créer des motifs innovants. Ce style est connu sous le terme de Kôetsu maki-e. Avec Sôtatsu Tawaraya et Ogata Kôrin, Kôetsu a exercé une influence considérable sur les générations suivantes en tant que fondateurs de l’école Rimpa.

Son Suzuribako ponton (Funabashi), conservé au Musée national de Tokyo, a été désigné comme trésor national en 1967. Y figure le même poème et le motif que sur notre objet.

[1] Rose Hempel (trad. de l’allemand par Madeleine Mattys-Solvel), L’âge d’or du Japon : l’époque Heian, 794-1192, Paris, Presses universitaires de France, 1983 (1re éd. 1983). Pourtant, la vision idéale omet la difficile condition paysanne.